Déploiement de la 5G : l’immobilier laissé pour compte ?

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1 / 23 / 2020

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Une technologie très prometteuse

Le déploiement de la 5ème génération (5G) du réseau mobile en France s’inscrit dans la suite logique de l’évolution des technologies de télécommunications, tout en exigeant l’élaboration de nouvelles réglementations et en bouleversant les pratiques et les normes au sein de plusieurs secteurs. Bien qu’elle soit considérée comme le successeur de la 4G, elle promet bien plus que de simples améliorations de performance. La 3G a permis l’émergence et le développement de l’iPhone et des réseaux sociaux, la 4G de Youtube et de Netflix. La 5G révolutionnera notre communication avec notre environnement et nos usages au quotidien. Elle jouera ainsi un rôle primordial dans l’essor de nouvelles pratiques et technologies, notamment le véhicule autonome connecté, la ville intelligente, les industries du futur, la e-santé , etc.

 

En France, un plan de déploiement ambitieux…

Dans un contexte de plusieurs consultations et négociations autour de la 5G entre les acteurs politiques et industriels concernés, l’Arcep a lancé le 31 décembre 2019 un appel à candidatures pour l’attribution de la bande 3,4 – 3,8 GHz. Les opérateurs souhaitant se porter candidat sont invités alors à déposer auprès de l’Arcep leur dossier de candidature avant le 25 janvier 2020. À l’instar des procédures de déploiement de la 3G et de la 4G, cette attribution s’avère hautement stratégique pour la politique d’aménagement numérique des territoires et pour l’avenir des opérateurs. Cependant, à la différence d’autres pays qui ont fait jouer la concurrence au maximum pour obtenir les prix les plus élevés de la part des opérateurs, l’Arcep et l’État ont fixé comme objectif prioritaire la qualité de la couverture, quitte à faire baisser les enchères. A titre de comparaison, les enchères devraient rapporter minimum 2,17 Mds € à l’Etat français, contre 6,55 Mds € en Allemagne et 6,5 Mds € en Italie en 2019.

 

…qui suscite de nombreuses inquiétudes

Néanmoins, ce n’est pas sans tension. Plusieurs prises de position ont récemment défrayé la chronique : les deux opérateurs, Free et Bouygues, ont alerté sur le risque d’une 5G à deux vitesses si l’attribution des fréquences n’était pas égalitaire en matière de largeur de bande octroyée. Par ailleurs, l’UFC-Que Choisir a également fait part de sa grande vigilance vis-à-vis des garanties à prévoir en termes de rapidité de déploiement ainsi qu’en matière de prix pour les utilisateurs finaux.

Comme pour ajouter à cette tension, le rôle même de l’Arcep a été récemment mis en cause, plus particulièrement par Orange. L’opérateur historique a déposé une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) auprès du Conseil d’État quant au bien-fondé de la capacité de sanction de l’Arcep, notamment en cas de non-respect des engagements de couverture. La menace pour l’Arcep et les consommateurs serait donc de perdre la main sur la réalité des déploiements. Quant à Orange, il risque d’être coupé en deux : séparation des activités entre infrastructure et service, comme c’était le cas de l’opérateur BT au Royaume-Uni en créant sa filiale Openreach. Comme le dit bien La Tribune, “entre Orange et l’Arcep, une fragile paix des braves” s’est installée.

L’immeuble, territoire probablement délaissé par la réglementation

Le niveau de tension est donc élevé et la marge de manœuvre de l’Arcep reste restreinte, d’autant plus que le gouvernement de son côté semble vouloir remplir les caisses de l’État malgré sa politique volontariste d’aménagement numérique des territoires. Pour sûr, le régulateur ne cherchera pas à ouvrir d’autres fronts dans la bataille pour la couverture. Le grand perdant risque alors d’être le secteur de l’immobilier, car c’est bien dans les immeubles que nous avons 80% de nos communications, et aucune obligation d’y assurer une bonne qualité de service n’est imposée aux opérateurs. En conséquence, les acteurs de l’immobilier ont plus que jamais besoin d’en anticiper les implications et de définir une stratégie visant à garantir une bonne expérience utilisateur. Pour ne citer que quelques solutions : faire un état des lieux du patrimoine, définir une stratégie radio (WiFi, 3G, 4G, 5G), déployer éventuellement des solutions de couverture indoor et préparer à coup sûr les immeubles pour l’avènement de ces nouvelles technologies.

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