À l’heure où la tendance est à l’externalisation des data, la sécurité numérique des immeubles apparaît plus que jamais comme un enjeu de taille. WiredScore, qui a débarqué sans prévenir en France il y a 18 mois, fait de la résilience de la connectivité son cœur de métier. Frédéric Motta, aux commandes du bureau français depuis mai 2018, nous explique dans quelle mesure la connectivité est un élément clé pour les locataires et les propriétaires d’un immeuble.
Business Immo : Quel bilan tirez-vous de WiredScore en France ? Avec qui travaillez-vous ? Et quels sont vos interlocuteurs dans les entreprises ?
Frédéric Motta : Depuis mars 2017, WiredScore affiche une centaine de projets en cours de labellisation en France, principalement à Paris et à Marseille où nous venons d’ouvrir notre premier bureau en régions. En 2018, WiredScore a franchi une nouvelle étape dans son développement avec la labellisation de patrimoines comme Gecina, pour lequel nous labellisons une vingtaine d’actifs. Cette logique de portefeuille se retrouve également avec des clients tels que Covivio, AXA Investment Managers – Real Estate, Allianz, Altarea Cogedim ou Icade.
Globalement, WiredScore cible deux grandes populations : les propriétaires immobiliers et les utilisateurs. Chez les premiers, en fonction de la taille de la société, nos interlocuteurs privilégiés en interne sont les équipes d’asset management et de leasing management. Chez les seconds, le directeur immobilier, bien sûr, et de plus en plus le DSI (directeur des services informatiques), qui connaît toutes les vertus d’une bonne connectivité, est un homme clé dans l’immeuble tout comme le directeur innovation.
BI : Quel est le coût d’une labellisation WiredScore pour une entreprise ? Et quelle en est la valeur ajoutée ?
FM : Le label WiredScore s’applique, avec des grilles de lectures différentes, aux immeubles neufs et aux immeubles existants. Le coût de cette labellisation est de 60 centimes du m2 pour l’existant et 75 centimes du m2 pour le neuf.
En regard, la valeur du label WiredScore se chiffre. Une connectivité résiliente est de plus en plus un ingrédient capital de la performance et de l’attractivité d’une entreprise, parfois au même niveau que l’argument de la localisation. Une connectivité labellisée est pour un propriétaire un prérequis de premier plan pour son actif et son patrimoine dans un contexte exacerbé de concurrence des meilleurs immeubles, gage d’attraction et de rétention des talents. Nous sommes convaincus que notre label peut influencer un locataire dans la prise ou la renégociation d’un bail. Chez WiredScore, on a souvent coutume de rappeler qu’il est envisageable de continuer à travailler avec une coupure d’eau mais qu’il est impossible d’envisager de travailler pendant une coupure internet, synonyme d’arrêt pur et simple de l’activité d’une entreprise.
BI : Dans la galaxie des labels en France mais aussi ailleurs, comment exister sur le marché hexagonal ?
FM : Le marché des labels est, en 2018, clairement concurrentiel. Et les investisseurs immobiliers ont tendance à s’inscrire dans une logique de rationalisation de leur manière de consommer des labels pour sortir de la logique de millefeuille parfois contre-productive. Désormais, ces derniers deviennent contributifs aux politiques marketing des immeubles qui évoluent profondément avec la révolution des usages. La question que les propriétaires doivent se poser quand ils choisissent de s’engager dans un label est simple : représente-t-il un choix décisif pour mon locataire ?
Le label WiredScore doit remonter dans la chaîne de valeur d’une entreprise et se loger au niveau de la stratégie. De notre côté, nous nous positionnons comme une solution d’accompagnement pour nos clients en matière de connectivité et de sécurité informatique. WiredScore est le garant du bien-être numérique des locataires et des immeubles.
BI : Que représente WiredScore à l’échelle mondiale ? Et quels sont les grands vecteurs de votre future croissance ?
FM : Lancé il y a cinq ans par le responsable informatique du maire de New York, Michael Bloomberg, aux États-Unis, WiredScore a d’abord essaimé à Londres puis à Paris, Berlin et Dublin à partir de 2017. À ce jour, ce sont 1 400 immeubles qui ont été labellisés à l’échelle mondiale.
WiredScore affiche trois logiques de croissance parallèles. Géographiquement, nous allons consolider et poursuivre notre maillage mondial en prenant, en 2020, le cap de l’Asie. Structurellement, si le bureau restera le fer de lance de notre développement, WiredScore ne s’interdit pas de regarder et de labelliser d’autres actifs immobiliers : logistique, retail, hôtellerie, résidentiel. Enfin, sans changer de mission, nous voulons aller au-delà de la labellisation de la connectivité et nous interroger sur le cadre de vie des immeubles, sur le bien-être et la sécurité numérique, des enjeux clés pour l’avenir. WiredScore doit, à terme, garantir les meilleurs outils de travail qui composent la vie numérique d’un collaborateur et de son entreprise. Ces attentes-là sont très fortes. Et il ne faut pas décevoir.