La 5G : beaucoup de promesses et autant d’incertitudes.
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7 / 20 / 2021
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L’excitation initiale liée au démarrage de la 5G ne fait plus la une des médias et nous sommes entrés désormais dans une phase chère aux cœurs des opérateurs mobiles : celle de la promotion et du marketing. La guerre des prix et des gigas est déclarée et l’on peut d’ores et déjà prévoir d’acquérir un forfait mensuel 5G pour moins de 20€ dans certains pays européens, bien que la couverture nationale des pays concernés soit loin d’être terminée (Free Mobile : France 150 Gigas 19,99€ – Italie 100 Gigas 9,99€). Tout ceci est-il bien raisonnable ? Et surtout, quels usages comptons-nous en tirer et quels seront les impacts potentiels sur nos vies ?
Les avantages mis en avant pour la 5G sont nombreux et illustrés dans le graphique ci-dessous. En premier lieu, les débits sont démultipliés, soit au moins 10 fois plus rapides que ceux de la 4G, pour atteindre 1 gigabit et plus par seconde, ce qui induit une expérience utilisateur ultra-qualitative. Cette expérience est enrichie par le très faible niveau de latence de cette technologie, qui permet ainsi de connecter davantage d’appareils sans pour autant impacter négativement le temps de réponse nécessaire au bon fonctionnement de ceux-ci (0,27 sec en 4G vs 0,01 sec en 5G).
Cette vitesse hors-norme et cette faible latence sont donc un avantage incontestable pour le consommateur, mais aussi pour l’industrie et tout particulièrement pour le secteur IoT, même si ces équipements peuvent parfaitement fonctionner sur la base de débits bien moindres. Autre avantage régulièrement cité : la densité de connexion. En effet, les petites cellules 5G sont plus compactes et plus faciles à installer. La puissance nécessaire à leur fonctionnement est inférieure à celle des macrocellules 4G et on envisage donc de connecter jusqu’à 100 fois plus d’appareils par kilomètre carré que pour la 4G.
On comprend dès lors que le champ des possibles offert par la 5G est quasi illimité : des simples capteurs d’énergie ou de fréquentation, aux applications de télémédecine, en passant par les véhicules autonomes ou les jeux en ligne sur smartphones, notre quotidien risque bel et bien d’être modifié en profondeur par cette nouvelle (r)évolution technologique.
Toute médaille ayant son revers, la 5G n’offre donc pas que des avantages et les questions liées à son impact sur notre santé et notre environnement sont les principaux facteurs générateurs d’angoisse et d’opposition. A titre d’exemple, la Suisse était le premier pays en Europe à devoir installer la 5G mais les contestations rencontrées au sein de la population ont considérablement fait évoluer les choses. En effet, l’incertitude liée à l’impact sur notre santé, en particulier le niveau d’exposimétrie, engendre déjà des problèmes en termes de déploiement des équipements. On sait que l’exposition aux ondes électromagnétiques sera de fait bien plus élevée, alors que le seuil de tolérance acceptable reste à définir par le régulateur. La densité du réseau évoquée plus haut comme un avantage pour la qualité de service se transforme dès lors en inconvénient majeur puisqu’il est question d’installer deux fois plus d’antennes 5G que d’antennes 4G, par ailleurs beaucoup plus énergivores. Des études sont en cours sur les seuils d’exposition et sur les techniques susceptibles de réduire la consommation des antennes mais leurs conclusions se font toujours attendre. A date, aucune étude n’a démontré une nuisance supérieure aux niveaux actuels, mais cela reste un point de vigilance et d’autres résultats sont attendus à l’avenir.
Pendant ce temps, les opérateurs continuent les déploiements à marche forcée et ce malgré l’absence d’alignement international concernant la technologie ou les bandes de fréquence à utiliser, et afin de tenir les prévisions de souscriptions d’abonnements.
On comprend dès lors la confusion volontairement entretenue par les opérateurs quant à la technologie 5G réellement déployée. A titre d’exemple, les Etats-Unis ont fait le choix dès le départ d’une 5G SA (Stand Alone) sur une bande 39 gigas, comme la construit T-Mobile, alors que la France construit une 5G NSA (Non Stand Alone), à savoir une technologie hybride à base de 5G et de cœur de réseau 4G, sur une bande anticipée de 26 gigas.
L’utilisateur final, étranger à ces débats d’experts, n’aura probablement pas d’autre choix dans les années à venir que d’acquérir un smartphone compatible 5G, car sans lui, impossible de prétendre aux usages vantés par la publicité, tout au moins en extérieur… car en intérieur, la problématique actuelle d’absence de signal GSM ne sera pas résolue avec l’arrivée de la 5G. Les bandes de fréquence de celle-ci étant plus élevées, leur faculté de pénétration des bâtiments a pour conséquence d’être amoindrie. Résultat : les immeubles d’habitation et de bureaux feront face aux mêmes problèmes que ceux rencontrés actuellement ; à moins d’être relayée en intérieur par un système spécifique de type DAS ou répéteurs, la couverture mobile restera à la porte. D’où le développement actuel de solutions alternatives afin d’anticiper cette problématique : vitrages traités afin de laisser passer les ondes, voire de les amplifier, ou technologie hybride à base de Wifi pour l’indoor et de 5G pour l’outdoor, avec les questions de hand-over que ceci comporte.
Les avantages sont tels que l’usage de la 5G va certainement s’imposer. Tout comme de nombreux business auront à intégrer cette nouvelle réalité et les opportunités associées, les acteurs de l’immobilier doivent préparer dès aujourd’hui leurs immeubles aux nouvelles attentes qui découleront de cette technologie, la première d’entre elle étant de pouvoir la capter.
Pour approfondir le sujet, voici quelques sites d’intérêt :